Dans un Conseil Municipal, il y a un moment où c’est terminé, le maire a levé la séance, la correspondante de Ouest France est déjà repartie, on commence à ranger ses papiers. Et puis quelqu’un lève la main, et ça redémarre. Cette fois-ci, à la fin du Conseil du lundi 18 octobre, c’est Jean-Claude Lebas qui demande la parole.
Il souhaite poser une question à propos d’un article du bulletin municipal concernant l’ancienne « gendarmerie ». En fait, dit-il, il s’agit de l’ancienne mairie, qui a été gendarmerie un moment, mais sur le bâtiment, il y a bien écrit « mairie ». La municipalité demande aux Pénestinois de se prononcer entre deux options : réhabilitation ou destruction. La question de M. Lebas porte sur les modalités de cette consultation.
J’ouvre une parenthèse pour citer les propos d’une Pénestinoise de générations en générations, qui me disait cette semaine que lorsqu’on parle d’« ancienne gendarmerie » plutôt que d’« ancienne mairie », on minimise la valeur historique de ce bâtiment. Et cela conduit à introduire un biais dans la réponse.
« Il est aberrant que les gens soient obligés d’indiquer leur nom et leur adresse »
M. Lebas est allé sur internet, il a vu le bulletin de vote et s’est aperçu que celui-ci était nominatif. Cela l’a « interpelé ». Il a consulté le Code des collectivités territoriales et, selon plusieurs articles (L1112-15 à 23) qui définissent les modalités de consultation des électeurs, c’est l’assemblée délibérante qui doit instaurer cette consultation. « C’est écrit noir sur blanc. » Comment avez-vous défini le contenu de ce bulletin, poursuit-il ? Il lui semble aberrant que les gens soient obligés d’indiquer leur nom. En procédant ainsi, on aura un fichier avec les noms et adresses des gens, accompagnés de leur opinion. Et d’ailleurs, répondront-ils ? Ce n’est pas certain : « Vous n’aurez pas la totalité des habitants de la commune ».
Le maire répond qu’effectivement, il semble qu’il y ait un problème. M. Lebas poursuit : « Je soumets cela à l’assemblée. Si la majorité de la population veut la réhabilitation et la majorité de l’assemblée veut la destruction, c’est la majorité qui l’emportera. Je pense qu’on peut faire en sorte que les bulletins ne soient pas nominatifs. » Puis il ajoute : « Et qui fera le dépouillement ? »
Après un silence, M. Boccarossa, également conseiller d’opposition, prend à son tour la parole : « je rebondis sur ce que dit M. Lebas, et je suis entièrement d’accord avec lui. » Il poursuit :
« Le bâtiment est du 19e siècle. Il a servi de mairie jusqu’à l’emménagement dans l’ancien presbytère, l’actuelle mairie. Puis il est devenu un logement pour les gendarmes en été, ou pour le personnel de la SNSM. La structure est saine. Ses aménagements sont à refaire entièrement, mais les espaces intérieurs sont à redéfinir, puis peuvent être réhabilités en fonction d’une demande ou d’un besoin. Les espaces extérieurs sont aussi à reprendre.
Quel projet si on détruit le bâtiment et quel projet si on le conserve ?
La Commune pose la question : – de sa démolition pour libérer l’emprise d’un espace public – ou de le rénover.
Mais quel projet est-il possible de réaliser si on détruit le bâtiment et quel projet si le bâtiment est conservé ?
La destruction du bâtiment ou sa rénovation, c’est donc aussi proposer un vrai projet pour mieux anticiper les possibilités telles que : aménagement de l’espace parking ou non – liaison avec le foyer socioculturel ou non – construction nouvelle après démolition ? Construction en extension sur le bâti existant ? Réflexion sur le foncier de la commune au sein du bourg pour définir les choix sur un plus long terme ? Ou intégrer l’étude de cet espace dans le PLU en cours de révision ? Et bien d’autres questions encore…
En tant qu’élus, nous regrettons ce manque de perspective et cette vision étroite qui consiste à détruire sans évaluer les conséquences. Proposer aux Pénestinois de « détruire ou pas » est une question limitée et sans intérêt. On a l’obligation de poser d’autres questions avant ce genre de décision, surtout que le Bâtiment est une composante historique de la commune.
Par ailleurs, il est écrit sur le bulletin de vote : « dans une démarche de démocratie participative » (sic). Un avis est demandé aux Pénestinois : démolir ou conserver ? Mettre une croix dans la case correspondante. C’est la « démocratie participative » selon M. Puisay.
Nous conseillons à l’équipe majoritaire de suivre une formation sur les concepts fondamentaux de la démocratie participative. (…)
La démocratie participative est sans doute le système politique le plus difficile à mettre en œuvre, mais le plus riche pour la qualité et l’élaboration des projets, et aussi le plus fédérateur. Permettre aux personnes engagées dans ce débat d’aller au bout de leurs propositions avec les renoncements et les avancées nécessaires. M. Puisay, depuis le début de sa mandature, voit les choses autrement.
Le maire choisit de ne pas répondre. Pourquoi ?
Notre petite commune a largement les moyens d’anticiper, de faire participer en amont afin de donner le temps de la réflexion. Il faut que chacun puisse évaluer les choses. Tout cela demande du temps. En tant qu’élus, nous sommes les exécutants de ce que les habitants décident. En premier lieu, c’est le savoir qui génère le pouvoir. Donc, plus on partage l’information, pour que tout le monde sache tout, et mieux on partage le pouvoir.
C’est une illusion malsaine et malhonnête de faire croire aux Pénestinois(es) que la démocratie participative se limite à un oui ou un non. »
Après ces propos, le maire se borne à déclarer : « Mesdames, Messieurs, la séance est levée. »
Cette scène est surprenante. Le maire est gravement mis en cause par les représentants des deux franges de l’opposition. Leurs interventions sont argumentées. Elles pointent, comme le reconnait brièvement le maire au cours de l’intervention de M. Lebas : « un problème ». Néanmoins, il choisit de ne pas répondre. Pourquoi ?
6 jours après ce Conseil Municipal, le bulletin de vote à télécharger sur le site de la mairie est toujours identique à lui-même, avec sa faute de frappe bien en apparence : aucune des modifications demandées n’a été prise en compte. Là, cela devient grave : non seulement le maire ne répond pas lorsqu’il est interpelé par les deux têtes de listes de l’opposition, mais en plus, il fait le choix d’ignorer leurs remarques.
Il rejette leurs réflexions sans même leur indiquer les raisons de ce rejet. C’est une situation inédite, que l’on ne retrouve dans aucune commune de notre proximité.
Les droits de l’opposition ne sont plus respectés
Sans s’attarder pour aujourd’hui sur les raisons d’un tel comportement, il apparaît que les droits de l’opposition ont cessé d’être respectés dans notre commune, et il est possible que l’on s’oriente, d’une façon ou d’une autre, vers un blocage des institutions : le problème s’étend désormais au-delà de la seule question de l’ancienne mairie. Il est temps d’arrêter cette dynamique potentiellement explosive.
Il est juste, évidemment, de demander l’annulation des bulletins de vote nominatifs.
Il est juste, évidemment, de considérer qu’avant de choisir entre destruction et réhabilitation, il faudrait que l’on sache ce que l’on compte faire ensuite dans un cas ou dans l’autre.
Il est juste, évidemment, de rappeler que la démocratie participative n’a rien à voir avec une question où l’on coche entre deux réponses.
Dans un cas comme celui-là, il serait logique de dire : stop, on annule tout et on reprend à zéro.
L’inverse qui semble se dessiner, poursuivre dans l’erreur, contre vents et marées et sans écouter personne, serait choquant. Ce serait un scandale. Souhaitons que le maire entende raison. Il s’honorerait en reconnaissant une erreur et en remettant l’ouvrage sur le métier. Il s’agit d’une épreuve de vérité : est-il, oui, ou non, à l’écoute de sa commune ? Il est paradoxal, mais finalement assez significatif, que la question se pose à l’occasion d’une « consultation ».
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on se demande comment un maire si » hors sol » a été élu .
un maire » recruté » , un maire élu , certes, mais par qui ? ceux qui l’ on choisit, se posent ils la question de son incompétence ?
l’autre jour , je suis moi même passé à la mairie, vu ces petits tracts quant à l’ancienne mairie , j’ai rigolé à l’ intérieur , de cette » démocratie participative » affichée .
Cette démocratie participative très mise en avant lors de la dernière campagne municipale Penestinoise et qui n’ a débouchée sur moins que rien . Penestin, commune de 75% de résidents secondaires , ne veut pas devenir une commune démocratique, ni bienveillante, ni ouverte. A Penestin, même les jeunes sont vieux .