Si vous n’allez pas à Glasgow, faites des travaux pratiques !

Richard Powers

1225 km, c’est la distance qui sépare Pénestin de Glasgow, où s’ouvre ce lundi la COP 26. Ce serait tentant, non ? d’aller rejoindre ce que le monde compte de décideurs et d’organisations de toutes sortes impliqués dans l’avenir de notre planète. Oui, mais pour y faire quoi quand on ne fait partie d’aucun cénacle et que la seule culture que l’on a sur le sujet est celle qu’on se construit peu à peu en lisant la presse et en allant écouter ceux qui en savent un peu plus que nous ? Il y a certes de grands moments, comme « La Grande Librairie » de mercredi soir sur le thème « comment renouer avec la nature ? » Avec un Cyril Dion qui sonne toujours aussi juste, venu présenter son film « Animal » et son « Petit manuel de résistance contemporaine ». Et cet Américain, Richard Powers, visiblement génial, qui signe un bouquin qui a l’air tout à fait hors du commun, intitulé « Sidérations » : l’histoire d’un père qui n’élude aucune des questions de son fils de 9 ans, sur l’écologie, l’astronomie et le prolongement de la vie sur terre.

Tout cela, c’est bien, mais notre participation se limite à celle d’un spectateur ou d’un lecteur… Et vous avez peut-être envie, comme moi, d’être acteur, de jouer un rôle, même modeste, dans ces affaires qui nous concernent, et si nous sommes déjà trop vieux, qui concerneront en tous cas nos enfants et nos petits-enfants. Vous n’allez peut-être pas me prendre au sérieux mais je vous suggère de participer à la consultation sur le PCAET (Plan climat air énergie territorial). Elle a commencé le 22 octobre et se prolongera jusqu’au 26 novembre à midi.

Les intercommunalités sont le niveau où les choses se passent concrètement

J’ai dit quoi ? PCAET ? Un plan d’actions, tout simplement, à l’échelle des intercommunalités de plus de 50 000 habitants, rendu obligatoire par la loi de 2015 sur la transition écologique pour la croissance verte. Ces actions sont nombreuses au niveau de Cap Atlantique – 19 ont déjà été engagées – afin de remplir trois grands objectifs : réduire les émissions de gaz à effet de serre pour « atténuer » le changement climatique ; préserver la qualité de l’air ; adapter le territoire aux effets du changement climatique, tels que la montée du niveau des océans ou le nombre croissant des tempêtes et des canicules. En bref, les intercommunalités sont le niveau où ça se passe si l’on veut être dans le concret. Les 15 communes de Cap Atlantique sont déjà régies par un PCET (avant qu’on y ajoute la qualité de l’air) signé en 2013. Le prochain PCAET est supposé prendre effet en 2024 pour 6 ans.

C’est donc ce plan que l’on nous propose de discuter : « Les observations et propositions du public, formulées sur les registres papier ainsi que par courriers électroniques et postaux, devront être reçues pendant la durée de la consultation pour être recevables. (…) A l’issue de la consultation du public, une synthèse des observations et des propositions sera rédigée et le projet de Plan Climat-Air-Énergie Territorial éventuellement modifié pour tenir compte des avis, sera soumis à approbation du Conseil communautaire de Cap Atlantique. La synthèse des observations et des propositions du public sera consultable sur ce site Internet pendant trois mois à compter de la délibération d’approbation du PCAET. » (https://www.cap-atlantique.fr/informations-transversales/actualites/projet-de-plan-climat-air-energie-territorial-avis-de-consultation-du-public-11876 )

« Eventuellement modifié pour tenir compte des avis » !! Voilà qui est agréable à entendre. Mais qui fera la synthèse des observations et des propositions du public ? Un commissaire-enquêteur, comme pour les enquêtes publiques ? Vous vous souvenez certainement de la 2e enquête publique sur le projet de parc conchylicole de Loscolo où le commissaire-enquêteur s’était permis de classer hors-sujet une partie des commentaires et de faire une synthèse qui ne tenait pas non plus compte d’une grande partie des autres. Après une expérience comme celle-là, il faut du temps avant que la confiance revienne. 

Il y a des façons plus chaleureuses de s’adresser à ceux qui vont avaler 1000 pages de documents

Il faut reconnaître qu’il n’y a guère d’illusions à se faire. La délibération du Conseil communautaire indique que le PCAET va « entamer son circuit de validation réglementaire de 7 mois, incluant une consultation du public de 30 jours ». Il y a des façons plus chaleureuses de souhaiter la bienvenue aux habitants à qui l’on demande de lire environ 1000 pages avant d’ajouter leurs observations à celles déjà répertoriées des élus et des associations. Contrairement à ce qui est indiqué sur la page internet de Cap Atlantique mentionnée ci-dessus, les liens vers les documents à consulter ne fonctionnaient pas le 22 octobre, ils ne fonctionnaient toujours pas le mardi 26 (maintenant, oui…) et l’adresse mail indiquée au même endroit et par laquelle j’ai tenté de les en avertir ne fonctionnait pas non plus.

Quant au site de la mairie de Pénestin, les informations qu’il fournit sur cette consultation sont minimales, et il n’a semble-t-il jamais été envisagé que les liens, d’ailleurs incomplets, soient activés. Il n’aura échappé à personne que le vice-président de Cap Atlantique en charge de la transition écologique climat-énergie-mobilité, responsable par conséquent du PCAET, est justement M. Puisay, maire de Pénestin… Or les consultations actuellement en cours sont entachées de multiples maladresses. J’ai consacré le dernier article à celle qui a lieu jusqu’au 15 novembre sur le devenir de l’ancienne mairie (http://www.penestin-infos.fr/ancienne-mairie-le-maire-consulte-mais-necoute-pas/ ). La consultation sur le futur logo de la commune souffre des mêmes défauts.

Quant à la consultation qui doit avoir lieu auprès des usagers des bus Lila, présentée lors du dernier Conseil Municipal, elle demanderait à être sérieusement remise sur ses rails. Le maire a séparé l’avenir de Lila Presqu’île et la question de la mobilité, comme s’il s’agissait de deux questions différentes, relevant d’instances distinctes, alors que 1) la question de base de la mobilité – comment réduire les dépenses énergétiques et la pollution liées à l’utilisation de la voiture individuelle, au profit de modes de déplacement alternatifs ? – constitue le cadre indispensable pour orienter le développement de Lila Presqu’île, 2) l’une et l’autre sont gérées à l’échelle de Cap Atlantique, et 3) c’est à M. Puisay lui-même que revient de faire le lien entre les enjeux de la mobilité et la gestion des bus Lila, compte tenu de ses responsabilités dans les deux structures.

Par ailleurs, il est anormal de bloquer le débat avant même qu’il ait pu s’engager, en opposant aux réflexions d’élus et de citoyens des arguments techniques ou financiers qui n’auront leur place que dans une étape ultérieure : une consultation, c’est avant tout une démarche d’écoute qui commence par créer des conditions propices à l’expression de propositions, et non une démarche défensive qui guette dans toute suggestion la menace d’une critique potentielle.

A nous de prendre position sur le projet et de nous rendre incontournables

Vous aurez compris que la consultation sur le PCAET n’a rien d’une partie de plaisir, ou d’un dîner de gala, comme aurait dit le président Mao. Il faut l’aborder en faisant usage de son esprit critique et en ayant conscience des rapports de force. Si on nous propose de nous exprimer, c’est en partie pour la forme. A nous de prendre position sur le contenu et de nous rendre incontournables. La fin du dernier document, intitulé « Notes de prise en compte sur les avis formulés », fait bien apparaître la façon dont les avis que vous formulerez seront reportés à la suite des autres avis. Le jeu en vaut la chandelle : si vous n’allez pas à Glasgow, regardez et lisez les reportages sur la COP 26 et… faites des travaux pratiques !

Je vous explique, si vous le voulez bien : 

1) Il ne faut pas tout lire. Il y a beaucoup de répétitions et certaines parties sont réservées à des Bac +5 en géographie, aménagement ou climatologie.

2) C’est plus facile d’étudier des dossiers en s’y mettant à plusieurs qu’en restant chacun dans son coin.

Je vous propose d’échanger nos impressions et nos réflexions sur ce blog en attendant d’adresser à Cap Atlantique des préconisations individuelles ou collectives.

Je vous propose ensuite de vous faciliter le travail. Première chose : savoir par où commencer. Il y a 11 documents. Je vous suggère de débuter par des extraits qui expliquent assez clairement le principe du PCAET : le début du document « Diagnostic », qui s’autorise même quelques pointes d’humour, et une partie de l’« étude environnementale » (voir ci-dessous).

Ensuite, je vous conseille de lire les « avis » rendus notamment par le préfet de région (deux pages, voir ci-dessous), ainsi que par la présidente de la Région Pays de la Loire (idem) et par l’Autorité environnementale (texte plus long que vous pouvez télécharger à partir de la page du site de Cap Atlantique). Tous trois se situent sur le plan d’une réflexion critique qui constitue déjà une discussion à propos des textes du PCAET. 

Quelques documents pour vous mettre en appétit !

Je vous mets ces extraits et ces documents directement ci-dessous en pdf, et je reviendrai vers vous lorsque vous aurez commencé à formuler de premiers commentaires et que j’aurai pour ma part un peu plus avancé dans la lecture des éléments du dossier.

Qu’est-ce qu’un PCAET ? 

Extrait du diagnostic PCAET

Pages-3-a-7-de-2-Diagnostic_PCAET

Extrait de l’Evaluation environnementale

Pages-18-a-22-de-7-Evaluation_environnementale_PCAET

Les avis :

avis du préfet de Région

9-Avis_Prefet_Region_PCAET

avis de la présidente de la Région Pays de la Loire

10-Avis_Presidente_de_la_Region_Pays_de_la_Loire

avis de l’autorité environnementale : https://www.cap-atlantique.fr/informations-transversales/actualites/projet-de-plan-climat-air-energie-territorial-avis-de-consultation-du-public-11876 (cette page ouvre les liens vers l’ensemble des 11 documents constituant le dossier de consultation)

Note de prise en compte des avis formulés

11-Note_de_prise_en_compte_des_avis_formules

4 commentaires sur “Si vous n’allez pas à Glasgow, faites des travaux pratiques !”

  1. Ping : Le Plan Climat a été adopté le 9 décembre au Conseil communautaire de Cap Atlantique, à la majorité moins une abstention - penestin-infos

  2. Ping : Le « PCAET » : une consultation pour l’avenir de nos petits-enfants - penestin-infos

  3. Une vingtaine d’associations concernées par la protection de l’environnement (mer, paysages, patrimoine immatériel, biodiversité, etc…) ont été conviées en juin par Cap atlantique pour échanger sur le projet PCAET. L’association Cappenvironnement était représentée par Mme Joëlle Kergreis et M. Dominique Boccarossa.
    M. Puisay vice Président de la transition écologique sur Cap atlantique et maire de Pénestin présidait cette réunion. Après la lecture d’un discours, il donna la parole au responsable technique chargé du dossier. La réunion a duré deux heures et pratiquement toutes les associations sont intervenues. Quelques propositions, des critiques, des solutions mais aussi un goût amer de démagogie.
    Quelques exemples des observations faites par des associations :
    Inviter les associations alors que le document présenté est déjà entériné par les élus et donc pas modifiable sur le fond et la forme montre un dénie de gouvernance participative.

    La co-construction d’un projet aussi important pour l’avenir des territoires et des personnes y vivant, nécessite la participation de la société civile représentée par les associations. C’est aussi se passer de compétences et de propositions pertinentes par rapport à cet enjeu vital pour la population.

    Ce ne sont pas seulement les élus et les services de l’état qui peuvent apporter des réponses systémiques et individuelles sur cette transition climatique. C’est aussi se passer du relai nécessaire que sont les associations pour que le plan trouve un écho favorable dans la population

    Le diagnostic présenté par CAP est un constat à minima et n’est pas à la hauteur des enjeux

    Le plan climat est un plan concernant les 74000 habitants de ‘’Cap’’, comment sont pris en compte les 750 000 touristes présents pendant les vacances, les Week end ?

    Rien sur l’océan et les conséquences de l’artificialisation des territoires (SCOT 30% d’habitants en plus en 2030)

    La condition indispensable à la très difficile atteinte des objectifs, c’est l’acceptation sociétale pour une large mobilisation

    Le volet résilience et adaptation présente la transversalité avec de nombreux autres schémas , plans ou obligations, que ce soit sur l’eau, la biodiversité, l’économie circulaire, les risques divers. Il ne propose rien pour contribuer à préparer les habitants de la presqu’île à des changements nécessaires

    Plutôt que de mesurer l’emprunte carbone de chaque projet, demander l’étude de plusieurs scénarios et comparer ces alternatives. L’important c’est de vérifier si, en faisant autrement, on peut impacter moins

    De nombreux indicateurs de résultat environnemental sont à revoir, car peu révélateurs d’un réel effet par rapport au but recherché. Ces indicateurs sont certes plus difficiles à consolider mais ils sont indispensables pour pouvoir pertinemment décider de développer, recadrer ou arrêter les actions en cours de plan et ainsi, de ne pas perdre de précieuses années d’actions

    Organiser à brève échéance (d’ici fin 2021) des réunions d’informations sur les enjeux 
des dérèglements climatiques (en France et sur le territoire) et sur les moyens de s’y préparer 


    Disposer d’indicateurs de résultats en complément des indicateurs de moyens déjà proposés, actualisés tous les ans et qui feraient l’objet de communications « grand public ». A titre d’exemple, nos propositions : nombre moyen journalier de véhicules thermiques entrant sur le territoire (en semaine et en week-end) ; pourcentage de repas végétariens servis sur le territoire en cantines scolaires; surface d’artificialisation durant l’année sur le territoire ; budget communal total sur le poste énergie/chauffage ; nombre total d’arbres plantés, 


    Disposer d’un planning précis pour chacune des actions du programme de manière à pouvoir anticiper d’éventuelles difficultés et proposer des actions correctrices. 


    Mettre en place des navettes maritimes (navibus) (gratuites ou à un prix abordable) 


    Là où c’est possible, piétonniser à l’année (et pas seulement pendant l’été) les rues des centres-villes 

    Informer sur les temps de parcours à pied ou à vélo à partir des parkings périphériques des centre des communes 

    Anticiper l’objectif de zéro artificialisation des terres sur le territoire en étant particulièrement vigilants sur le refus d’implantation de nouveaux complexes touristiques ou sur l’extension de zones commerciales existantes

    Lancer un programme ambitieux de plantations d’arbres, tout en débitumant et végétalisant les espaces publics qui s’y prêtent 


    Créer une zone de seconde vie accolée à la déchetterie (type recyclerie ) qui laisserait la possibilité aux entreprises et aux personnes qui de récupérer des objets (matériaux de construction, meubles, plantes, vélos, fond de peinture…) 


  4. Merci Gerard de nous tenir informés. La communication officieuse marche mieux que l’officielle, inexistante…Savent-ils qu’ils ont un site web à disposition?
    A propos d’économies d’énergie, la lutte contre les passoires thermiques doit passer par les cameras thermiques. Au niveau communal, avec un operateur communal ou inter-communal, car beaucoup de familles ou personnes seules ne sont pas au fait que des aides sont possibles pour faire des travaux d’isolation là où cela serait nécessaire…Et l’hiver qui arrive est la bonne période pour ce genre de diagnostique…

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