Vous connaissez certainement la Charte de l’environnement. Elle a été adoptée le 28 février 2005 par le Parlement réuni en Congrès à Versailles par 531 voix contre 23, et promulguée par Jacques Chirac. C’est une loi constitutionnelle : la Charte de l’environnement fait maintenant partie du préambule de la Constitution de la Ve République.
Article 1 : Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé.
Article 2 : Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement.
Le « devoir »… Comme chacun sait, un citoyen a des droits, mais aussi des devoirs.
Une bonne nouvelle : voilà un super sujet de conversation qui réunira jeunes et moins jeunes pour la veillée de Noël. Vous allez pouvoir frimer devant les ados qui connaissent tout cela mieux que nous. Et puis les écouter, parce que sur un sujet comme celui-là, il n’est pas question de faire semblant et mieux vaut écouter les premiers concernés par l’avenir de notre planète.
Une moins bonne nouvelle : Pénestin risque de faire à nouveau les gros titres de la presse, comme à l’époque des manifs de caravaniers ou à celle des scandales des constructions en bord de mer. Quel dommage, tout de même d’en arriver là ! Pourquoi ? La faute à qui ? Voici quelques éléments qui devraient intéresser vos jeunes : j’essaie de faire aussi clair que possible pour ceux qui ne connaîtraient pas le sujet !
- La tranche 1 du futur parc conchylicole de Loscolo (6,5 ha) devait être débroussaillée, puis défrichée à l’automne, car c’est la seule saison où cela ne cause pas trop de dégâts (un peu quand même) sur la faune. Ils avaient même installé tout autour une barrière antibatraciens pour que les « grenouilles agiles », espèce protégée en voie de disparition progressive, ne retournent pas y passer l’hiver. Sinon, les travaux ne pouvaient pas avoir lieu (il semble d’ailleurs que la barrière ait été dégradée, puis remise, mais on n’en sait pas plus…)
- Il existe un comité de suivi composé de mytiliculteurs, de riverains, d’associations et des représentants de Cap Atlantique (la communauté de communes, qui chapeaute les travaux). En septembre, on (j’en fais partie) a demandé des infos sur le planning des travaux, car ils nous avaient juste donné un calendrier prévisionnel très général (voir ci-dessous). Quand on a insisté, ils ont fini par nous dire : on va faire un défrichement, mais « en conservant les arbres ». C’est bizarre, non ? Demandez toujours à vos profs de SVT si ça existe ou si le monsieur nous a pris pour des neuneus…
- En tous cas, il ne s’est rien passé à l’automne. Pourquoi ? On l’ignore… Puis enfin, on annonce le débroussaillage pour décembre et le défrichement pour janvier. Peu crédible. Il y aura sans doute un mois de décalage, mais quoi qu’il en soit, ça devient embêtant, car il y a des tas de bestioles qui hibernent dans la zone à défricher : des chauves-souris, des reptiles, des grenouilles, comme je vous le disais, etc. Tous protégés. Certains devenus rares. Il y en a qui font des crises cardiaques quand on les réveille brusquement de leur long sommeil d’hiver, où leur température descend parfois autour de 5°. Sinon, eh ben il seront écrabouillés dans leur sommeil… Quant aux oiseaux, à l’inverse, les rouges-gorges par exemple commencent à se reproduire dès le mois de janvier.
- Je ne vous fais pas le topo sur la biodiversité, les rapports du GIEC, la catastrophe en cours. Vous connaissez cela mieux que moi… et puis, c’est Noël. D’ailleurs, toutes les espèces qui vivent dans la friche de Loscolo ne sont pas protégées. On y chasse par exemple la bécasse qui migre par ici l’hiver quand il fait trop froid en Russie ou en Ukraine. Il paraît que c’est super bon, mais j’espère pour vous qu’il n’y en a pas à la table de Noël, car elles se nourrissent de vers de terre. Ici, ça va, mais en Ukraine, ils sont radioactifs !
- Mais pour les espèces protégées, il y a des lois. Et aussi des directives européennes. C’est illégal, évidemment, de les massacrer. Il n’y a qu’un seule solution : respecter la loi. Il faut attendre l’automne de l’année prochaine. Et ça tombe bien en fin de compte, car en mars ce sont les élections municipales et on aura bien besoin, avant ou après ces élections, de réunir à nouveau tout le monde autour d’une table. Le parc coûte très cher. Il est surdimensionné par rapport aux entreprises qui veulent s’y installer. On dit qu’il crée des emplois, mais ce n’est pas vrai, car on ne peut pas augmenter la production : le plancton qui nourrit les moules a des limites. Il y a d’autres endroits moins coûteux pour l’environnement et financièrement où les entreprises pourraient s’installer, mais au printemps dernier, quand on a réclamé dans une pétition que les alternatives soient réexaminées, le « commissaire-enquêteur », un personnage nommé par le préfet pour faire une enquête, a dit que c’était hors-sujet… Certains tiennent à tout prix à ce parc conchylicole. Ils ont eu aussi la parole sur ce blog : voir les deux articles d’interview de Gilles Foucher, président du « Hameau de Loscolo », en août 2019, les trois articles sur la réunion publique en mars 2019. (taper un mot-clé dans « rechercher » en page d’accueil)
- Bon, vous avez compris, on ne vit pas chez les bisounours. Plusieurs riverains ont pris un avocat et déposé des recours en justice. (cf. « Les opposants au projet Loscolo tiennent la corde », 15.11.2019) Si les travaux démarrent, là pendant les vacances de Noël ou juste après, l’avocat déposera un « référé suspension ». Si vous êtes déjà en fac, parlez-en à vos profs de droit, c’est un sujet passionnant ! C’est une procédure d’urgence pour protéger l’environnement, mais il faut quand même une quinzaine de jours entre le moment où il est déposé et la décision du juge. Entre temps ? Eh ben oui. Entre temps, les responsables des chantiers se dépêchent de terminer et quand la décision de justice tombe, ils prennent un air désolé : « Oh, merde ! » Etc.
- C’est pour ça que deux personnes du comité de suivi ont écrit au responsable du projet à Cap Atlantique pour demander si les espèces qui hibernent ont été recensées avant de faire démarrer les travaux. Sa réponse, vendredi soir avant de partir en vacances avec sa conscience en bandoulière : « En raison des contentieux en cours, il est préférable que vos demandes soient transmises par votre avocat. Elles seront alors envoyées à notre conseil. » Un comité de suivi, c’est un lieu créé pour faciliter l’information et le dialogue, mais là, ça ne rigole pas. Réponse repoussée… aux calendes grecques. Ça aussi c’est illégal. Parlez-en aussi à vos profs de droit, ils adorent qu’on leur pose ce genre de problèmes. Ce monsieur est coordonnateur du comité de suivi, il n’en est pas président et ne peut pas décider que les courriers passeront maintenant par les avocats, alors qu’il avait dit qu’on prenne contact avec lui pour toute question sur le projet Loscolo.
- En plus : Charte de l’environnement ! « Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement », article 2, comme je vous disais plus haut. Si on est au comité de suivi, et si j’écris cet article, c’est pour cette raison : « devoir de préserver l’environnement ». Sinon, je serais allé voir Les Misérables au cinéma cet après-midi ! Certains sont prêts à aller se mettre devant les bulldozers. Comme Tian-An-Men 1989. C’est loin et vous n’étiez pas né ? Là, ça va se passer tout près…
Bon, voilà, si vous cherchez des sujets d’exposés en SVT : l’hibernation, la mytiliculture en sont d’excellents. Ou si vous cherchez des activités d’observation en groupe, des sujets de reportages, des dossiers pour vos cours d’« enseignement moral et civique »… Et suivez le blog : si les travaux démarrent, je sonnerai le tocsin !!
Mais vous n’êtes pas obligé de lire ! Eteignez donc votre ordi, ou bien, si vous tenez à insérer un commentaire, un peu de courtoisie s’impose…
Il y en a qui feraient pas mal d’hiberner et nous foutre la paix!
Cher monsieur Métayer,
Je suis très étonné par votre réponse car en quoi cet article est critiquable ? Il ne fait que relater
de façon complète tout ce qui concerne ce projet de Loscolo en nous rappelant différents points en parallèle avec la loi.
Je me souviens que vous même aviez affiché sur un panneau chez vous au Bile le texte suivant :
« La loi, rien que la loi, toute la loi » (à propos d »un permis de construire vous
concernant).Effectivement la loi a été respectée et vous avez pu construire cette maison. Il serais étonnant que vous ayez changé d »avis aujourd’hui ?
Dans l’attente de votre réponse veuillez recevoir toute ma considération