« L’accélération du changement climatique laisse de moins en moins de temps aux organismes pour s’y adapter. »

Pourquoi le plancton joue-t-il un rôle important afin de préserver la vie, et singulièrement la vie humaine ? Pour une raison simple : il est le point de départ de toutes les chaînes alimentaires en milieu océanique. Sous l’effet du réchauffement, les populations « planctoniques » des régions chaudes migrent vers des climats plus tempérés. Elles en remplacent d’autres, dont les individus étaient, entre autres caractéristiques, plus gras. Les poissons qui s’en nourrissent deviennent eux-mêmes moins gras. Les oiseaux qui se nourrissent de ces poissons ne reçoivent plus le même apport énergétique qui leur permettait jusque là de parcourir des milliers de kilomètres lors de leurs migrations. De proche en proche, on en arrive aux humains, affectés eux aussi par les carences des aliments qu’ils consomment. Les carences, d’un côté, et de l’autre, les ajouts peu ragoûtants que sont les plastiques, les médicaments, les pesticides…

Jean-Louis Jamet est l’un des spécialistes mondiaux de l’étude des planctons. Ce Pénestinois de coeur est chercheur en écologie marine et biodiversité à l’université de Toulon. Il a dirigé plusieurs missions aux quatre coins de la planète qui ont permis de recueillir 35000 échantillons de plancton, dont 90% étaient encore inconnus auparavant. Ils sont actuellement en cours d’analyse et de classification. Ces matériaux permettent de développer la compréhension des écosystèmes marins. « On y apprend comment les océans fonctionnent, comment ce fonctionnement est influencé par le réchauffement, et quelque part, comment la vie de l’être humain en est affectée. »

Le professeur Jamet donnera une conférence à Pénestin, au centre Petit Breton, le mercredi 4 août à 18 h, à l’initiative de l’association Cappenvironnement. Le thème en sera : « Le rôle du plancton dans le réchauffement climatique ».

« Cela dépendra des décisions politiques »

Ce scientifique n’est pas du genre à multiplier les déclarations fracassantes. A quoi bon d’ailleurs, puisque les faits parlent d’eux-mêmes ? Dans une interview en 2015, cependant, peu avant le début de la COP 21, il se déclarait inquiet  : « La situation est grave », disait-il. Tout dépendrait de notre capacité à infléchir les évolutions en cours qui n’affectent pas tant la planète (« elle s’en sortira, d’une façon ou d ‘une autre ») que la survie de l’espèce humaine. « Cela dépendra des décisions politiques. » Où en est-on aujourd’hui, 6 ans plus tard ?

Son rôle, un rôle de transmission, expliquait-il, est de fournir aux politiques et aux décideurs toutes les informations, toutes les données scientifiques susceptibles d’éclairer leur action. A l’échelle locale, nous avons un adjoint, M. Joseph Lizeul, chargé (entre autres) de la mer, et un vice-président de Cap Atlantique à la transition énergétique, maire de Pénestin, M. Pascal Puisay. Sachant la responsabilité qui pèse sur leurs épaules concernant notre avenir à tous, on espère qu’ils honoreront, en toute modestie, cette conférence de leur présence.

En toute modestie, car le professeur Jamet indique dans la même interview que sa transmission vaut aussi pour les générations futures, « afin qu’elles s’y prennent autrement que ce que nous avons fait nous-mêmes ». Pour dire enfin le vrai et pour agir de façon appropriée, il faut avoir le courage de reconnaitre nos erreurs passées (et présentes ?), les nôtres autant que celles de nos élus, celles de nos élus autant que les nôtres. Il est temps : « l’accélération du changement climatique laisse de moins en moins de temps aux organismes (dont nous faisons partie) pour nous y adapter. »

1 commentaire sur “« L’accélération du changement climatique laisse de moins en moins de temps aux organismes pour s’y adapter. »”

  1. La conférence a durée plus de deux heures. Beaucoup de questions et encore beaucoup d’interrogations sur ce plancton, source de toute la vie sur terre…
    Des chiffres impressionnants (de mémoire) : 39000 échantillons prélevés – 95% d’inconnus – du millionième de millimètre aux larves de moins d’un centimètre – l’un d’eux s’élève dans les airs pour se mêler aux nuages (influence sur le climat) – plus de la moitié du carbone sur terre est absorbé par la masse planctonique, etc…
    La mer est un univers encore largement inexploré. De nos origines dépendra notre avenir.

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