Pour deux raisons, je trouverais bien que ceux qui ont combattu Jean-Claude Baudrais soient nombreux à ses obsèques cet après-midi, afin de pouvoir dire :
« Nous avons été adversaires et nous nous sommes affrontés dans le respect. Respect à vous, Monsieur le Maire ! »
Il faut avoir eu du coeur à l’ouvrage pour consacrer toute sa vie à une conception de la politique que nous partageons, la démocratie, fondée sur le débat public. Une conception qui fait primer la raison sur l’émotion et les opinions sur les sentiments. Une conception « englobante » qui part de la diversité pour créer de l’unité et du lien, et qui réclame que l’on soit capable de s’opposer sans se haïr.
Mesurons l’exigence de ce système qui n’est pourtant, comme le disait Churchill, que le moins mauvais de tous les systèmes politiques. Face à une telle exigence, chacun fait avec ce que lui permettent sa réflexion et ses capacités. L’heure du bilan viendra, mais l’hommage n’est pas le bilan. L’hommage est le geste d’une collectivité qui vit, ce faisant, l’un de ces grands moments qui la refondent et qui resserrent ses liens.
La deuxième raison est que face à la mort, on considère l’homme et le reste devient secondaire.
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Je me suis profondément trompé
La cérémonie a débuté à 14 h 30 par le discours de M. Puisay, maire de Pénestin, suivi de la lecture d’un texte de M. Baudrais par son ancienne secrétaire de mairie et d’un témoignage de ses 4 petits-enfants.
Dans son discours, M. Puisay file la métaphore des souliers trop grands de M. Baudrais pour ses “petits pieds”, puis au fil de ses deux premières années de mandat, ses pieds ont grandi, nous dit-il. Sa première découverte en se glissant dans les habits de maire est que celui-ci est en première place pour recevoir des coups. Cela d’autant plus que certains opposants, dans la commune, se sont fait une spécialité de s’attaquer aux hommes plutôt qu’aux idées. Il en revient à son sujet, l’hommage à M. Baudrais, en s’interrogeant sur la résistance nécessaire pour supporter pendant 25 ans ce que lui vient de subir pendant 2 ans.
Je dois avouer qu’à partir de ce moment-là, je n’ai pas beaucoup écouté la suite. J’avais cru que le maire donnerait à cet événement sa dimension rassembleuse et de ferment / formant de l’identité de notre commune, et il tenait devant nous un discours de division. Un discours qui présuppose la complicité du public pour des idées à caractère partisan. Je sais, comme beaucoup d’autres et pour l’avoir moi-même subi, que le maire a donné bien plus de coups qu’il n’en a reçus, et souvent avec une rare violence. Un discours de victime de la part d’un homme qui arbore en toutes circonstances le sourire satisfait de celui qui est parvenu aux honneurs.
Pour ma part, je n’avais pas le sourire. Je mesurais mon échec à peser sur cette fatalité qui divise notre commune en clans. Je m’étais profondément trompé en incitant ce matin ceux qui ont combattu Jean-Claude Baudrais à participer à cette cérémonie dont je pensais qu’elle jouerait un rôle pour refonder l’unité de la collectivité et resserrer ses liens. Ils ne sont pas venus, heureusement ! Le maire mettait son poids dans la balance pour accentuer les divisions et pour exclure des événements communaux ceux qui ne sont pas de son bord.
Je suis parti à la fin de cette première partie, avant le départ au cimetière. J’étais là au titre de la Réserve Civile dont je fais partie. J’ai interrompu ma mission sans la mener à son terme et je m’attends à être exclu de cette institution. Cela n’est pas grand-chose au regard de ma déception. On m’a déjà dit que j’étais trop naïf pour m’occuper de politique. Oui, je cesse d’écrire sur la vie politique de la commune. J’ai perdu. Je vais rejoindre ceux qui se préoccupent avant tout de leur famille, de leur jardin ou de leur bateau. Je le fais avec les larmes aux yeux.
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Comme disent si bien les US, “qui n’est pas avec nous est contre nous”…
L’essentiel se trouve dans le dernier paragraphe de la première partie, «Face à la mort on considère l’homme et le reste est secondaire »
Plein d’humanité .