Résumé express des événements survenus vendredi 9 juin pendant et après le Conseil Municipal

[ NB. Ouest-France a publié dès samedi matin 5 heures pour l’édition numérique un ensemble de deux articles qui fournissent certaines informations inédites, mais contiennent malheureusement aussi quelques éléments de parti pris. ]

18 h 15 : le public emplit déjà l’arrière et les côtés de la salle du Conseil. A 18 h 30, il sont plus de 80, entourant les 20 élus du Conseil. Certaines femmes portent le t-shirt de la manif de dimanche dernier contre les violences faites aux femmes.

Le maire ouvre la séance et annonce un ordre du jour réduit à deux points : l’élection des délégués de la commune qui feront partie des Grands électeurs pour les élections sénatoriales du 24 septembre prochain, et le tirage au sort des jurés de cours d’assises.

Deux questions après l’appel : Mme Laetitia Seigneur demande pourquoi le procès-verbal du Conseil précédent n’a pas été diffusé. Un long silence s’ensuit. Puis la secrétaire de mairie répond que… le maire est seul décisionnaire de l’ordre du jour des Conseils municipaux. M. Frédéric Bernard interroge la légitimité morale des élus de la majorité à représenter les citoyens de la commune pour l’élection des Sénateurs. 6 élus majoritaires sur 12 (présumés innocents) sont en effet impliqués dans des poursuites judiciaires. Au bout de 3 ou 4 minutes, le maire suspend la séance. Il sort, suivi des membres de son équipe, mais continue à diverses reprises à suivre ce qu’il se passe dans la salle par l’embrasure de la porte.

Dominique Boccarossa, leader de l’opposition, décide de lire la déclaration qu’il avait préparée. Quelques personnes applaudissent, tandis que d’autres quittent la salle. M. Boccarossa dénonce tout d’abord les fausses informations adressées sciemment à la presse avec pour objectif affiché d’attirer la colère et la haine sur eux deux spécifiquement, élus d’opposition : MM. Bernard et Boccarossa. 

Il égrène ensuite, en citant tous les noms, une litanie des intérêts particuliers qu’affichent et défendent de nombreux membres de la majorité. Certains arguments insuffisamment étayées produisent l’effet inverse. Les Pénestinois ne s’en laissent remontrer ni par les uns, ni par les autres. Ils râlent, c’est dans leur tempérament, tout en conservant un ton mesuré. C’est d’ailleurs aussi le cas de M. Boccarossa lui même.

On en arrive au point central : « Récemment, quelques élus de la majorité et futurs « grands électeurs » auraient eu un comportement inapproprié à l’égard d’une autre personne, également élue au sein de cette même majorité. » On apprend d’ailleurs samedi matin dans Ouest-France que M. Puisay (présumé innocent) a été placé lundi dernier plusieurs heures en garde à vue au chef d’« agression sexuelle par une personne abusant de ses fonctions ». Les faits remontent au 14 juillet 2021.

Le leader de l’opposition pointe les complicités de plusieurs élus de la majorité : M. Bauchet, M. Lizeul, M. Picard (présumés innocents), accusés d’avoir fait pression sur la victime pour qu’elle ne dénonce pas son agresseur. Le point d’intensité culminante est atteint lorsqu’il est fait mention de Mme Bretonneau (présumée innocente), adjointe aux finances « et représentante aux droits des femmes sur la commune de Pénestin », qui aurait déclaré « à la victime présumée que c’est elle la responsable de son agression ».

M. Boccarossa conclut sur sa honte d’avoir cautionné par sa présence un Conseil municipal sans probité, ni transparence, et sur la perte de toute légitimité morale par les élus majoritaires leur permettant de représenter les citoyens devant la République.

Si ce que M. Boccarossa dit est avéré, avait-il le droit de se taire ?

Ouest-France écrit que M. Boccarossa « y va à la sulfateuse sur une bonne partie de la majorité ». Une simple question : et si ce qu’il dit était vrai, intégralement vrai ? De la même façon qu’il a eu raison en calculant il y a longtemps déjà l’élévation année après année du budget prévisionnel du Parc conchylicole de Loscolo, ou les calculs trompeurs de Cap Atlantique sur l’engagement d’une majorité de mytiliculteurs il y a un an et demi, dont il apparaît aujourd’hui que plus un seul parmi eux ne souhaite s’installer sur ce Parc. N’est-ce pas le devoir d’un élu d’opposition que de dénoncer les malversations dont il a connaissance ? Et le devoir d’un journaliste aussi ?

Autre question, le maire a confié à la journaliste de Ouest-France : « Je vais attaquer en diffamation, car ce conseil s’est transformé en Tribunal » Comme souvent, il se précipite avant d’avoir étudié les faits et la question se pose au lecteur de Camus qu’il m’assurait être il y a déjà longtemps : si ce que M. Boccarossa dit est avéré, n’avait-il pas le devoir de parler ? Et avait-il le droit de se taire ?

A l’inverse, Ouest-France attribue à M. Boccarossa des propos que l’intéressé m’a assuré samedi matin par téléphone ne jamais avoir tenus : « Il ne recule devant rien : ‘Moi aussi, je suis à bout, mais je ne vais pas me suicider pour autant.’ … » Je n’ai pas d’autre information depuis samedi. M. Boccarossa devait téléphoner à la journaliste. Il va de soi qu’une telle phrase est susceptible de relancer les polémiques déclenchées dans la presse du 25-26 avril dernier et une clarification rapide s’impose.

Le maire revient vers 18 h 50 dans la salle. Malgré le micro, on ne distingue qu’un mot sur deux : le Conseil est reporté au mardi 13 juin et il se tiendra à huis clos. Votre serviteur n’y sera donc pas admis, car malgré les quelques 500 articles parus sur ce blog depuis 2018, malgré les compliments appuyés que me faisait le maire à certaines époques pour la qualité de ce blog, on s’acharne à me réclamer une carte de presse qui supposerait que je tire la moitié de mes revenus de mon activité journalistique, ce qui est évidemment impossible lorsqu’on est retraité. Par un mélange d’ignorance et de mauvaise foi, plusieurs personnes jouent à ce jeu méprisant : il suffirait, Monsieur Cornu, que vous montriez votre carte de presse. Ils ignorent certainement tout des études menée par des sociologues du journalisme comme Erik Neveu ou Denis Ruellan, qui montrent que se sont multipliées ces dernières années des situations de précarité qui affectent d’un côté de jeunes journalistes sans carte et de l’autre des vétérans également sans carte, qui traduisent par ailleurs l’intense porosité entre le journalisme et d’autres secteurs professionnels comme l’enseignement ou la littérature…

A 19 heures, 5 gendarmes font évacuer la salle à la demande du maire. Les gens râlent : « Ils ont peur de nous ? » ; « Pour qui ils prennent les gens de Pénestin ? ; « On nous renvoie comme des malpropres. » Ils conservent néanmoins un sang-froid olympien.

« Mais pourquoi tu fais ça Michel ? Je t’ai vu. »

Tout le monde se retrouve dans la cour de la Mairie. Soudain des éclats de voix. La porte est fermée. On ne peut plus accéder au parking derrière le bâtiment. M. Michel Bauchet, premier adjoint, a pris l’initiative de boucler l’accès. Un élu veut passer, M. Bauchet maintient la porte fermée et on pousse de part et d’autre. Une voix de femme : « Pas de bousculade ! » Diverses voix, puis une autre voix de femme s’adresse à M. Bauchet comme à un enfant : « Mais pourquoi tu fais ça Michel ? Je t’ai vu. » L’intéressé ne répond pas. Geneviève (photo principale) sort, suivie de M Bauchet. Elle est en colère et se retourne pour lui dire : 

« La Mairie, c’est à nous. A tout le monde. A tout le monde ! »

M. Bauchet ne répond pas. Le politique n’a pas de mots, pas d’arguments. Sur son visage flotte un sourire que je qualifierai de vaporeux à défaut de mieux. Il a tenté d’empêcher deux élus d’entrer dans la mairie, il a failli susciter une bagarre dans l’enceinte républicaine. Ce sont des femmes, en t-shirt ou pas, qui ont calmé le jeu et l’ont ramené à la raison. Si vous souhaitez que l’ordre public soit respecté, de grâce, une prochaine fois, n’appelez pas la Gendarmerie, c’est inutile, mais tenez le Premier adjoint à l’écart…

Plus tard, au café, quelqu’un dit : il faudrait élire une femme. Un autre : il faudrait organiser un référendum sur le thème « Dans les circonstances actuelles, M. Puisay peut-il poursuivre son mandat de maire ? »

3 commentaires sur “Résumé express des événements survenus vendredi 9 juin pendant et après le Conseil Municipal”

  1. Le conseil municipal du 9 juin, n’existe pas dans l’état des délibérations du conseil municipal, sur le site de la mairie de Pénestin. Rien entre le relevé de décision du conseil du 27 mars 2023 et l’ordre du jour du conseil du 13 juin 2023. Donc pas d’intervention de la gendarmerie, pas d’incapacité du Maire de mener les débats du conseil municipal, pas de mise à la porte. Tout est maîtrisé, tout va très bien madame La Marquise…

  2. Si ce n’était que Clochemerle ce serait encore risible, mais Pénestin n’en est visiblement plus là ! Vu de l’extérieur par un “résident temporaire” c’est déjà assez pathétique et je me mets à la place des “habitants à l’année” qui doivent se demander désormais de quoi chaque jour sera fait car visiblement leurs préoccupations ne sont plus la priorité de la “pseudo-majorité. Mais que cherchent le maire et ses “complices” – puisqu’il faut bien les nommer ainsi – dans ce qui s’apparente désormais à une fuite en avant qui ne pourra finir que dans un mur ? Avec ces derniers agissements – jusqu’à faire intervenir les gendarmes alors que l’ordre public n’était visiblement pas menacé – et empêcher les Pénestinois d’accéder librement à LEUR Mairie, il est désormais trop tard pour faire machine arrière et ce n’est pas en jouant les “petits dictateurs de pacotille” que ces “élus” vont pouvoir espérer tenir encore longtemps … d’autant qu’il reste trois années de mandat !! Peut-on imaginer chaque conseil municipal à huit-clos au bon vouloir du maire ? sans évoquer une atteinte manifeste à la liberté et au droit d’information de chacun. Si ces personnages “gardé à vue et autres poursuivis” (présumés innocents, mais simplement présumés) avaient eu la moindre once de courage et d’honneur ils se seraient mis en retrait le temps que la justice fasse son travail, mais visiblement ce sont des mots que ces gens-là ne connaissent pas… Et c’est trop tard. Pitoyable.

  3. penestin devient clochemerle !!!
    il serait temps que la majorité s occupe un peu de penestin, a croire que depuis que le maire est empêché, les services techniques le sont aussi le centre bourg n a pas vu un coup de balai depuis longtemps
    quand j ai lu l ordre du prochain conseil municipal qui se limite a leur auto-election sous haute protection de la gendarmerie ce n est pas possible
    penestin a besoin d une équipe qui aime sa commune et qui souhaite la protéger et l aider a évoluer dans le sens du bien commun et pas dans le seul intérêt personnel

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