Le SCoT (schéma de cohérence territoriale) et le PLU (plan local d’urbanisme) sont les documents de planification qui fixent l’avenir d’un territoire. Ils expriment des choix politiques et sont donc soumis au vote : au Conseil communautaire pour le SCoT d’une intercommunalité comme Cap Atlantique, et au Conseil municipal pour le PLU d’une commune comme Pénestin.
Un SCoT en révision
Le SCoT de Cap Atlantique, approuvé en 2011 et révisé une première fois en 2018, fait l’objet d’une nouvelle révision. Le « SCoT arrêté » a été voté en avril 2025, après une cinquantaine de réunions. Le vote définitif est prévu en décembre.
Deux documents en forment le cœur :
- le Projet d’aménagement stratégique (PAS), qui fixe les grandes orientations à 20 ans ;
- le Document d’orientation et d’objectifs (DOO), qui les traduit en prescriptions.
Les trois axes du PAS sont :
1. un territoire accélérateur de la transition écologique ;
2. un territoire authentique, porteur de bien-vivre pour tous et d’une économie durable et novatrice ;
3. un territoire d’eau, littoral et maritime exceptionnel à préserver et à valoriser.
Ces formulations reprennent certains tics de la communication publicitaire – « le bien-vivre pour tous » n’est malheureusement qu’un slogan, même en 2044… –, mais elles s’appuient sur une réflexion réelle, qui croise logement, mobilité, environnement, identité territoriale ou encore tourisme.
Je n’entre pas ici dans le détail, mais je vous joins ci-dessous le Bilan de concertation dont la présentation chronologique et l’accent mis sur la concertation rendent la lecture plus agréable que certains autres documents plus longs et plus arides.
Deux remarques cependant :
– sur la réflexion prospective : lorsqu’on essaie de se représenter un territoire dans 20 ans, il faudrait se donner les moyens de sortir des cadres habituels. Les militaires font appel à des écrivains pour imaginer des scenarios inédits. Sur le logement, il aurait été appréciable de faire appel, par exemple, à des travaux d’anthropologues dans la lignée de Michel de Certeau dont le « Habiter, cuisiner » de 1980 a fait date, et qui ont donné lieu à des rapports ministériels. Cette réflexion vaut aussi pour le tourisme ou la mobilité.
– sur la concertation : l’initiative d’un magazine rédigé par 4 lycéens est louable (cf. Bilan de concertation, p. 18), mais elle reste symbolique. On aurait pu imaginer une consultation plus large de la jeunesse de la Presqu’île, particulièrement concernée. Ou encore une collaboration avec des étudiants originaires de la Presqu’île et inscrits en fac dans des cursus d’aménagement, sans doute capables de renouveler les questions. Un exemple ? Quand on parle de « qualité de la vie », il s’agit d’une réponse à une question qui n’a pas été posée. En revanche, parler de « mode de vie » ouvre la voie à des questionnements tels que : quels modes de vie dans un lotissement ? Les modes de vie en lien avec la vitesse et la fréquence des déplacements, avec diverses formes de socialisation, diverses formes de projection dans l’avenir…
Les avis des PPA (Personnes publiques associées) : assainissement et urbanisation
https://www.cap-atlantique.fr/actualites/enquete-publique-scot/ partie 3
Le Comité régional de la conchyliculture (CRC) déplore l’absence de mention du projet de Loscolo, mis en pause par Cap Atlantique, et souhaite qu’il soit réintégré comme « solution de repli à long terme des activités conchylicoles de Pénestin ». Il alerte surtout sur la dégradation de la qualité des eaux. Toutes les zones classées A (eau de bonne qualité), sauf une, sont proposées par Ifremer pour être reclassées en catégorie B, ce qui suppose une phase de purification des coquillages de 24 à 48 heures et nécessite des équipements, ainsi que des espaces et une main d’oeuvre dédiés. Le CRC réclame par ailleurs que dans les zones classées B, la pêche à pied de loisir soit interdite pour des raisons d’équité. Cette dégradation est due aux défaillances des réseaux d’assainissement et des stations d’épuration. L’avis du CRC est défavorable.
La Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) insiste, comme le fait aussi le CRC, sur la nécessité de conditionner toute urbanisation à la capacité des réseaux d’assainissement. Elle demande aussi une densification plus forte, la réduction de la consommation d’espace, une meilleure prise en compte du logement social, de la biodiversité et des mobilités, ainsi qu’une stricte application de la loi Littoral. L’avis est favorable, sous réserve que toutes les remarques soient prises en compte.
La position de Pénestin
La commune de Pénestin regrette également l’absence de mention du parc conchylicole de Loscolo et l’abandon de l’extension de la zone du Closo. Elle approuve le rôle central accordé à La Baule, Guérande et Herbignac, devenues la « colonne vertébrale » de Cap Atlantique, mais souhaite que ces trois « centralités » viennent « en appui » des autres communes pour favoriser leur dynamisme.
On peut voir là un certain manque d’imagination : le projet Loscolo avait été conçu à tort ou à raison, du temps de M. Baudrais, l’ancien maire, comme un grand projet structurant susceptible d’apporter un plus à la périphérie moins favorisée du territoire de Cap Atlantique. Les incertitudes générées par les recours en justice, le manque de motivation et d’unité des mytiliculteurs, de même que le souci de stopper les dépenses qui se sont accumulées année après année, ont conduit Cap Atlantique à mettre le projet en « pause », sans aucune garantie qu’il redémarrera un jour.
Si elle avait regardé la réalité en face, la mairie aurait pu rebondir sur un autre grand projet. Il y a tant à faire en matière de « mobilité, commerce et développement économique », comme elle le dit si bien, plutôt que de se disperser dans des aménagements discutables – comme les kilomètres de trottoirs « piétons-vélos » d’une utilité incertaine.
Par exemple, et pour en rester au domaine de la conchyliculture – mais cela touche aussi le tourisme et le logement -, pourquoi ne pas avoir lancé les travaux et agrandissements nécessaires afin de régler une fois pour toutes la question de l’assainissement ? D’autres options étaient également envisageables, mais auraient demandé une équipe plus « visionnaire » que les Treize qui conduisent seuls les destinées de la commune depuis deux ans.
Un enjeu de fond
SCoT et PLU fixent les orientations pour vingt ans, mais ils sont aussi l’occasion de faire le point et de tirer les leçons du passé. L’avis défavorable rendu en 2024 sur le PLU de Pénestin était un avertissement. L’analyse actuelle du SCoT suggère que, faute de projet structurant, la commune pourrait se voir entraîner progressivement dans la spirale d’une perte de dynamisme et d’initiative au sein de Cap Atlantique.
CAP-BILAN_CONCERTATION