Un appel du 18 juin resté lettre morte

La semaine dernière, jeudi 18 juin, vous avez pu lire sur ce blog un commentaire de l’article sur le conseil municipal du 15. Il émanait d’une personne se présentant comme handicapée et qui réagissait à la décision de rendre le bourg de Pénestin piétonnier entre le commerce La Diablotine et le restaurant du Commerce en juillet et août, de 11 h à 15 h. S’exprimant sobrement et sans agressivité, elle faisait remarquer que cela signifiait pour elle l’impossibilité de se rendre à la boulangerie, à la boucherie et chez son médecin traitant.

Elle replaçait cela dans un contexte qui se caractérise par la suppression de places de stationnement handicapés – les places restantes étant d’ailleurs régulièrement occupées par des véhicules municipaux -, par la non conformité de certaines réalisations récentes – comme le magasin Carrefour Market, auquel il lui est impossible d’accéder -, par le blocage des sentiers côtiers par des chicanes, par l’impossibilité d’accéder à la plage du Lomer, etc.

Elle concluait en proposant une méthode de mise en œuvre de la démocratie « constructive » : réserver un espace sur le site internet de la mairie pour exposer dans le détail tous les nouveaux projets avec possibilité pour les habitants de s’y exprimer de façon accessible et visible.

Jugeant ce commentaire intéressant, j’en ai prévenu le conseiller municipal chargé de « suivre » le présent blog à la mairie. Il m’a répondu le lendemain, mais n’a pas répondu à l’auteur du commentaire. Je lui ai donc fait suivre le courrier que j’avais reçu, et il s’est dit « quelque peu déstabilisé » par cette réponse qu’il juge « d’une grande violence ». Affecté par cet échange, il a préféré ne pas répondre lui-même.

Les personnes à mobilité réduite sont souvent des éclaireurs et des précurseurs

Le courrier m’étant adressé, je vais tenter de répondre en lieu et place de la personne, que je maintiendrai volontairement dans l’anonymat, de même que le conseiller municipal concerné. Je le ferai sans esprit polémique – est-il nécessaire de le préciser encore ? -, en respectant des principes de factualité et de modération dans mes propos. Je fais aussi cette réponse car les questions abordées débordent le cas particulier que je relate. Ce n’est d’ailleurs pas vraiment surprenant : les personnes à mobilité réduite sont souvent des éclaireurs, des précurseurs, ils projettent sur la société des interrogations qu’ignorent souvent ceux qui se considèrent comme valides, voire « normaux », et qui rechignent à reconnaître que nous sommes tous, à y bien regarder, handicapés d’une chose ou d’une autre. Je dis cela en connaissance de cause.

Je ne publierai pas ci-après la réponse du conseiller, ne souhaitant en aucun cas lui nuire. Son premier paragraphe attribue à une « petite erreur » de ma part le commentaire de l’intéressé : la rue de l’Église ne sera piétonne, dit-il, qu’après la zone « médecin – boulangerie ». Tous les présents au conseil municipal ont certainement entendu comme moi le maire, Pascal Puisay, répéter à deux ou trois reprises que la zone commencerait au magasin de la Diablotine. Je maintiens donc ce que j’ai écrit. Mais peu importe en réalité, car cette explication, qu’elle soit juste ou fausse, affranchit l’auteur de ce courrier de répondre à aucune des remarques qui ont été faites. Il n’y aura donc pas de réponse à propos des places handicapés occupées par des véhicules de la mairie (et il semble que cela se produise de façon régulière et non marginale). Ni sur les sentiers côtiers, bien sûr interdits aux vélos, mais pas aux véhicules des personnes à mobilité réduite. Ni sur divers lieux qui leur sont inaccessibles (Carrefour, médiathèque, plages…)

Il y a juste une invitation à « se rapprocher des services de la mairie s’il a des suggestions à propos des accès des personnes à mobilité réduite ». Voici donc un citoyen, qui répond précisément à ce que M. Puisay avait promis durant sa campagne, qui fait des propositions détaillées et constructives, qui propose même un système de consultation sur le site internet de la mairie en parfaite correspondance avec les velléités annoncées de démocratie citoyenne, et que l’on renvoie à son seul statut de handicapé. Lui qui a assisté aux réunions publiques de chacun des trois candidats, je comprends qu’il se soit senti déstabilisé. Il va devoir se présenter au secrétariat, essayer de convaincre pour passer ce premier filtre, alors qu’on aurait dû lui répondre : « Monsieur, passez dès lundi matin, Monsieur le Maire va vous recevoir » ! Je ne cherche pas à être drôle en écrivant cela, ce n’est pas drôle du tout : je fais juste un raccourci.

Une forme d’humour un peu spéciale

Encore un point, malheureusement. L’auteur du commentaire écrivait que lorsqu’il a tenté d’expliquer à un ancien / nouvel adjoint la loi accessibilité-handicap, celui-ci lui a répondu : « oui, vous avez raison, mais vous savez, à Pénestin les lois ne sont pas les mêmes. » Bien sûr, c’était une forme d’humour, quoiqu’un peu spéciale. Quant à la réponse du conseiller : il tient à préciser qu’à Pénestin comme ailleurs, les lois sont les mêmes pour tous.

Je ne vous cache pas qu’en lisant cela, mon estomac se retourne : c’est ce qu’on appelle une « inversion des rôles », procédé fréquent, mais extrêmement pervers. Vous avez bien compris : l’un se plaint qu’on lui ait dit que les lois ne sont pas les mêmes à Pénestin ; le second lui répond comme si c’était lui-même qui avait prononcé cette phase, alors qu’il s’y opposait.

Vous comprenez aussi certainement pourquoi je disais que ces questions vont au-delà du cas particulier. Trois procédés : répondre à côté, ne pas répondre, inverser les rôles. Avouez qu’il serait dommage que la nouvelle municipalité, dont le projet politique annoncé durant la campagne était tout autre, adopte à son tour ces procédés. Des procédés que nous sommes nombreux à connaître ici à Pénestin : ce sont typiquement des procédés « baudraisiens »

Il est encore temps de se ressaisir. Il y a urgence. Dans l’intérêt de tous, il faut éviter que se créent dès ce début de mandat des réflexes qui, une fois installés, ne se corrigeront plus.

Mettre en œuvre une authentique démocratie citoyenne

Ce que j’ai écrit là mérite une réponse de Monsieur le Maire. Il n’a pas de responsabilité dans le cas concret dont il vient d’être question. Mais la question posée est plus large, et il a pris des engagements durant sa campagne : il serait à l’écoute, il associerait à son action toutes les bonnes volontés d’où qu’elles viennent, il mettrait en œuvre à Pénestin une authentique démocratie citoyenne. Je ne prendrai pas ici d’autres exemples de ce manque d’écoute, mais ils sont, hélas ! déjà nombreux.

Si je peux me permettre une analyse, il est injuste de considérer a priori que les membres de son équipe qui « rempilent » après avoir servi sous M. Baudrais auraient gardé de mauvaises habitudes. Chaque individu peut changer, il faut faire confiance et cela marche souvent. Mais toutes ces personnes – que je connais pour la plupart et que je respecte -, n’ont jamais été dans l’opposition. Ils ont toujours été « du bon côté du manche », si je peux me permettre l’expression. Cela implique un certain confort intellectuel. Sur de nombreux sujets, ils peuvent être tentés de penser… qu’il n’y a pas besoin de penser. Il suffit de gérer, d’administrer, de faire : faucher les talus et les fossés et bien d’autres choses encore. Consulter la population, ou prendre en compte les avis et les remarques que les gens expriment spontanément est plus difficile : c’est un processus nécessairement dérangeant, qui heurte les habitudes de confort.   

Je vais terminer sur un ton plus personnel : j’espère, Pascal, que tu trouveras les mots indispensables pour renouer avec ce qu’il y avait de meilleur dans tes discours de candidat. Et je peux dire cela même si je n’ai pas voté pour toi. Tu appartiens désormais à tous les Pénestinois, et pas uniquement à tes électeurs. C’est ton destin. Je m’excuse par avance du temps que je te demande ainsi, sachant bien sûr à quel point tu es occupé, mais il s’agit d’un enjeu de démocratie. Je serais catastrophé si tu ne répondais pas, si tu répondais à côté, si tu inversais les rôles. Je ne l’imagine même pas. Je te dis tout cela avec beaucoup de respect : je te fais confiance. Je ne peux croire que tu aies déjà, si vite, « viré », comme tu le disais au Commerce le 20 décembre dernier. Il est beaucoup plus facile qu’on ne le croit de reconnaître une ou deux erreurs. Cela grandit celui qui le fait.

C’est maintenant ou jamais : en début de mandat. Pour ma part, après cette dernière demande, je renoncerai sans doute de plus en plus à me mêler des sujets politiques pour me recentrer sur des questions comme le tourisme ou la culture. Mais j’y tiens !

5 commentaires sur “Un appel du 18 juin resté lettre morte”

  1. Je tiens à rappeler que le cabinet médical de Penestin ayant une marche côté rue de l’église, les patients handicapés , après m’avoir téléphoné, se garent dans mon parking derrière et rentrent directement dans le cabinet de consultation qui a un accès handicapé.
    Je ne vois donc aucun problème à ce que le rue de l’église soit piétonne au niveau du cabinet médical
    Valérie Laloux

  2. Juste une remarque qui me surprend un peu quand je lis que cette personne “à mobilité réduite” dit qu’elle ne pourrait pas accéder au Carrefour Market : il y a juste en face de l’entrée plusieurs places justement dédiées et l’entrée (comme la sortie) est quasiment de plain-pied avec la zone du parking (les seuils autorisés peuvent aller jusqu’à 2 cms et les pentes autorisées jusqu’à un certain %). Le magasin n’aurait pas eu le droit d’ouvrir ou se ferait taper sur les doigts lors des visites de sécurité s’il n’était pas accessible à tous. (C”est un ancien pro du batiment et expert judiciaire par dessus le marché qui parle).

    1. D’après ce qu’il m’a dit, c’est le pourcentage des pentes qui n’est pas conforme et son véhicule ne peut pas monter. Il le dira certainement mieux que moi. Merci en tous cas, Jean-Yves pour cette information qui donne une idée de ce qu’il est possible de faire lorsque l’on associe diverses compétences pour analyser un ou plusieurs problèmes.

      1. Pour faire simple et pour information de la personne concernée (mais concernant aussi toutes les personnes d’un certain âge de la commune qui auraient des problèmes de déplacement) :
        https://www.handinorme.com/accessibilite-handicap/66-comment-calculer-ma-pente#:~:text=Lorsqu%27une%20pente%20est%20nécessaire,sur%200%2C50%20mètre%20maximum.
        La “pente” entre les places dédiées et l’entrée au Carrefour Market ne me parait pas dépasser les 5%…. sauf à vérifier bien sûr. Car on peut se tromper.

        1. Bonjour, Je viens d’envoyer un message à Luc, le gérant de Carrefour Market Pénestin, pour l’informer de la discussion en cours ici et pour lui proposer d’intervenir afin de nous donner les informations correspondantes (https://www.facebook.com/Market-penestin-327237021478727/?__tn__=%2Cd%2CP-R&eid=ARAM9KeoGcaC9HlzydudubmmUbjXq8zexg98XBdQMWUpxucP8TNA4IcyD6D7Si6Qj7YtF3rfHv6exC0p touche “envoyer un message”). Par ailleurs, je voudrais indiquer plus largement que j’ai peut-être manqué de précision dans le début de mon article : pour ma part, je n’ai pas d’opinion à propos des réflexions faites par la personne à propos des conséquences pour lui de la piétonnisation de la rue de l’Eglise. Lui-même est sans doute conscient que la démarche rationnelle n’est pas de demander l’annulation de cette décision pour satisfaire une ou un nombre très limité de personnes, mais de rechercher des aménagements personnalisés. La réponse de Valérie Laloux constitue à cet égard une information claire et utile. Ce qui m’a intéressé dans son commentaire était surtout l’ensemble des autres informations qu’il fournissait, l’amenant à une sorte de ras-le-bol, à mettre en parallèle avec la réponse, ou plutôt, la non-réponse qui lui est faite.

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