Analyse de la délibération 1.6 du Conseil municipal du 27 février 2023
… où il s’agissait de remplacer Mme Seigneur comme représentante de Pénestin dans la société en charge du tourisme pour le compte de Cap Atlantique. Ce remplacement intervient en réaction au communiqué présenté le 5 décembre 2022, où elle-même et deux de ses collègues expliquaient vouloir reprendre leur liberté par rapport au groupe majoritaire. Elles faisaient état d’« une absence totale de communication » dans ce groupe, notamment avec le maire, et indiquaient : « Nous souhaitons continuer à travailler avec la majorité au sein des diverses commissions mais avoir notre propre choix de décision. »
(cf. http://www.penestin-infos.fr/elles-ont-ose-trois-conseilleres-municipales-quittent-le-groupe-majoritaire/ et http://www.penestin-infos.fr/loscolo-dernieres-nouvelles-du-front/ point 2, « Intervention du maire de Pénestin devant le Conseil communautaire du 15 décembre 2022 »)
extrait-CM-27.2.23M. Puisay débute son exposé en indiquant que Mmes Seigneur, Fransousky et Terrien ont déclaré quitter le groupe majoritaire et ont « par conséquent », créé un groupe minoritaire de fait. (Je rappelle pour ceux qui ne suivent pas de près les affaires publiques que « minoritaire » est le terme utilisé depuis quelques années pour signifier « d’opposition ».)
Les trois conseillères seraient donc dans l’opposition ? Leur communiqué du 5 décembre 2022 expliquait pourtant qu’« il ne s’agit ni de la création d’un nouveau groupe, ni d’un ralliement à un groupe d’opposition ». M. Puisay semble vouloir faire une différence entre les paroles des conseillères et la réalité de leurs actes.
La question est donc : ont-elles constitué un groupe, et ce groupe est-il « minoritaire », c’est-à-dire d’opposition ?
Un groupe : dès le Conseil municipal du 5 décembre 2022 où a été lu leur communiqué, elles ont voté séparément sur l’une des délibérations, l’une pour et les deux autres contre. Leur revendication : « reprendre notre indépendance individuelle et respecter notre intégrité personnelle », « continuer à travailler au service de la commune et des administrés en toute intégrité et indépendance », « avoir notre propre choix de décision » (communiqué + déclaration Mme Seigneur). Privilégier l’individuel par rapport au collectif apparaît donc comme l’élément central de leurs convictions.
D’opposition : elles ont été élues sur la liste et avec les voix de la majorité. Ont-elles « viré » entre temps ? En fait, elles ont fait preuve d’une immense patience en attendant deux ans et demi avant de se décider à quitter, après de multiples avertissements, le groupe majoritaire. Il fallait certainement qu’elles soient des partisanes convaincues du maire pour attendre aussi longtemps.
Ce n’est pas un groupe et elles ne sont pas dans l’« opposition »
Les trois conseillères réclament le respect de leur « indépendance individuelle », ce qui signifie : en tant que personnes. Pendant deux ans et demi, on leur a demandé de se fondre dans un collectif, de renoncer à leurs individualités. Aujourd’hui, elles ont repris leur indépendance. Contrairement aux propos du maire (et a ce que répète paresseusement Ouest France le 1er mars), il apparaît donc que ce n’est pas un groupe (il aurait fallu le déclarer officiellement comme tel, je suppose), et qu’elles ne sont pas dans l’ »opposition ».
Leur demande est que la mairie de Pénestin fonctionne selon les principes de la démocratie. Ce qu’elles reprochent au maire n’est pas « La faute à Rousseau – saison 4 », pour singer le titre d’une série télévisée : selon le philosophe qui fut l’un des premiers penseurs de la démocratie moderne, il faut bien que préexistent des opinions individuelles pour qu’émerge une volonté collective. Et cela ne s’obtient ni en les muselant, ni en les sanctionnant.
Si l’on sort du modèle démocratique, vers quoi va-t-on ? Lorsqu’on renonce au débat argumenté, ce sont l’arbitraire, la brutalité et le cynisme qui s’imposent. A la sortie d’un Conseil aux allures de pugilat, une personne du public me disait que du début à la fin, cela avait manqué de décence : ce Conseil a été « indécent ». Or, si la violence des propos est parfois partagée entre la majorité et la minorité, il faut dire la vérité : la dégradation des relations est due très largement aux actions et aux comportements du maire lui-même. J’ai déjà retracé cette évolution dans un autre article (http://www.penestin-infos.fr/supplique-a-ladresse-de-nos-elus/ ). Ensuite, ce sont les mécanismes de l’escalade, comme dans une guerre, qui prennent le dessus : œil pour œil, dent pour dent. Il y a de la haine au sein de ce Conseil municipal, comme on en voit rarement à ce point.
Cette fois-ci, la brutalité est celle d’un débat ramené à son degré zéro. Répéter trois fois de suite la même phrase, puis une autre, comme un mur renvoie une balle de tennis. Embrouiller ses interlocuteurs à coups d’approximations. Exclure, sans explications, ni remerciements, quelqu’un à qui l’on n’a rien à reprocher dans son travail. Puis cet aveu, lorsque les questions se font trop pressantes : cette exclusion est « dans l’intérêt du groupe majoritaire ». Pas celui de la commune, celui du groupe majoritaire. Et le maire ne fait même pas l’effort de nier que cela puisse être perçu comme une vengeance personnelle.
Les conseillères défendent aujourd’hui face à lui ce qu’il prétendait souhaiter il y a 3 ans
En résumé, la faute reprochée à Mme Seigneur et à ses collègues est qu’elles reprennent à leur compte aujourd’hui ce que M. Puisay disait lui-même il y a 3 ans, lors de sa campagne électorale, et qu’il n’a jamais mis en application :
« Si demain je restais celui qui tranchera et qui apposera sa signature sur les décisions, ce sera rendu possible grâce à l’expertise de tous : je ne conçois pas un fonctionnement pyramidal. » (Ouest France, 22 novembre 2019)
« Si une personne vient me voir et me propose une bonne idée qui ne cadre pas avec les miennes, je suis capable de revenir sur ma décision. »
« Je ne suis pas un politique, j’ai mis un an à me décider pour être candidat. Et c’est une décision que j’ai partagée avec mon épouse, car elle aussi sera concernée et elle aussi aura un rôle à jouer. Mais je lui ai dit : ‘si demain tu sens que ma tête a viré, tu m’avertis tout de suite et tu ne lâches pas le morceau !’ » (1re réunion électorale au Commerce, le 2 décembre 2019, Pénestin-infos, le 7 décembre 2019)
Janus Bifrons ou Dr. Jekyll et Mister Hyde ?
Ces déclarations et d’autres du même style ont contribué à faire élire M. Puisay. En termes d’efficacité à défaut de moralité, sa campagne a été excellente… Mais on sait aujourd’hui avec le recul à quel point ces formules étaient creuses. Le maire en est arrivé au point de faire l’exact contraire de ce a quoi il s’était engagé, et de sanctionner durement celles ou ceux qui réclament avec un peu trop d’insistance qu’on revienne aux principes qu’il a lui-même défendu dans le passé. Tel un Janus bifrons, ce dieu romain aux deux visages, M. Puisay se bat contre lui-même. A moins qu’il ne faille le comparer à un Dr Jekyll métamorphosé en Mr Hyde.
Si j’étais d’humeur à plaisanter, j’intitulerais cet article « Au secours, Madame Puisay, le maire a viré ! » Je ne le ferai pas, car le sujet est trop sérieux pour cela. Je retiens simplement que ce n’étaient que des paroles. Vous connaissez la chanson : « Paroles, paroles ! » Et je suis le premier à me mordre les doigts d’avoir été naïf à ce point, moi aussi, et de m’être laissé tromper, dans mes articles de l’époque, par des effets de manche. Comme beaucoup d’autres, je suis amer.
Dans chaque royaume municipal de France sommeille un petit macron cad un tyran potentiel .
La société est une pyramide .Quand la tete est toxique , le poison ruisselle jusqu à la base et c’ est l’ ensemble dexla société qui est contaminé.
Croyez vous qu’ à Camoel ou pire à Arzal c’ est la démocratie en marche .
Allez en parlez à la despote d’ Arzal .
En matière de démocratie comme dans de nombreux domaines la France est une imposture.
Ca fait 30 ans que le fascisme gangrène la société et vous vous étonnez du manque de démocratie …
https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/sites/efh/files/2022-05/vign-violences-faites-aux-femmes.jpg
Il n’y a pas de mots pour qualifier cette situation, confortée par la faiblesse d’un collectif majoritaire embarqué dans la bassesse et l’ignominie,
que des femmes du groupe majoritaire puisse cautionner par du mutisme….no comment
Il n’y a plus aucune démocratie dans ce conseil municipal, c’est en train de virer à la dictature !
Il y a de quoi s’interroger lorsqu’on relit les propres mots du maire sur son site de campagne, à l’issu de son élection : « demain, ensemble, forts de nos différences, de nos sensibilités, nous pourrons Oser Pénestin et s’unir dans le V R A I «
Il y a de quoi sourire, ou plutôt de pleurer.
Il est tellement dommage qu’une commune comme la nôtre ne soit pas centrée sur les enjeux à tenir mais sur des jeux de pouvoir. Ces femmes ont eu le courage de prendre position conformément à leurs valeurs, c’est fort : bravo mesdames. Le conseil aurait gagné en intégrité en maintenant Mme Seigneur en fonction car seule la compétence devrait être le critère de maintien. C’est dommage que le vote à bulletin secret n’est pas abouti à cela.
le courage viendrait il toujours des femmes? il y avait mal politesseenvers les 2 representants de l opposition y aurait il maltraitence voir sexisme ou agression verbale de la part de ce maire qui n a aucune des qualites requise pour gerer notre ville de tout coeur avec ses femmes qui se sont engagees a bien remplir leur mandat
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Ces femmes sont courageuses, tout mon respect. Qu’elles ne lâchent rien !
J’en arriverai presque à regretter Monsieur Baudrais pas vous ?
presque…
Merci Gérard pour cet article qui éclaire et relativise la doxa municipale.
Heureux de voir que tu as retrouvé ta clairvoyance…
Cette mandature s’enfonce dans le pitoyable…
Un grand maire (bonne fete, ce jour j’ai entendu) affublé de mysogynie? Hyde this Jekyll